Selon la photographie statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France selon le sexe entre 2001 et 2016 publiée par l'Anact, les inégalités entre les hommes et les femmes persistent.
Réalisée à partir des données de sinistralité de la Caisse Nationale de l'Assurance Maladie (CNAM), cette étude quantitative met en lumière l'évolution sur 15 ans des écarts entre les femmes et les hommes en matière de santé au travail en France.
Bien que l'on observe globalement une baisse des accidents du travail depuis 2001, on constate à l'inverse une progression des accidents du travail pour les femmes.
Aussi, les accidents de trajet, en baisse chez les hommes depuis 2001, sont en hausse concernant la gente féminine.
Et si la progression des maladies professionnelles concerne tant les hommes que les femmes, elle reste deux fois plus rapide chez ces dernières.
Augmentation des accidents avec arrêt pour les femmes entre 2001 et 2016
En 2016, les accidents du travail déclarés et reconnus concernent deux fois plus les hommes que les femmes. Les accidents du travail avec arrêt touchent nettement plus les hommes (64%) que les femmes (36%).
Pourtant, si les accidents du travail avec arrêt baissent globalement entre 2001 et 2016, ils progressent pour les femmes. En 15 ans, ils ont augmenté de 30,5% pour les femmes tandis qu'ils ont baissé de 29% pour les hommes.
Les maladies professionnelles reconnues progressent près de deux fois plus rapidement sur cette période pour les femmes que pour les hommes
Les maladies professionnelles ont fortement augmenté pour les femmes et les hommes (+101,3%) depuis 2001. Pour les hommes, on constate également une augmentation des maladies professionnelles (+71,5%) sur la même période, moins forte que pour les femmes (+145,2%). Les maladies professionnelles concernent quasiment autant les hommes (51%) que les femmes (49%).
Les branches d'activités les plus accidentogènes en 2016
En 2016, les services de santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire et les services, commerces et industries de l'alimentation continuent à enregistrer le plus d'accidents de travail avec arrêt pour les femmes.
Le BTP et les industries transports, eau, gaz, électricité comptabilisent le plus d'accidents du travail avec arrêt pour les hommes.
En 2016, les deux branches d'activités qui concentrent le plus d'accidents de trajet concernant des femmes sont les services, santé, nettoyage et travail temporaire et les secteurs de la banque, assurances et administrations.
Pour les hommes, ce sont les secteurs des services, commerces et industries de l'alimentation et ceux de la santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire qui comptent le plus d'accidents de trajet.
En 2016, les branches d'activités qui totalisent le plus de maladies professionnelles pour les femmes sont encore les services, commerces, et industries de l'alimentation ainsi que les services, santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire.
Pour les hommes, ce sont les secteurs du BTP et de la métallurgie.
Prendre en compte les conditions d'exposition différenciées des femmes et des hommes
Les femmes et les hommes ne sont pas répartis également selon les branches d'activités. Certaines sont à prédominance féminine, masculine ou mixte. Ainsi, ce sont les activités de services qui recouvrent la plus grande croissance d'effectif et où l'on observe le plus grand écart de sinistralité entre les femmes et les hommes.
Au-delà des secteurs, il existe aussi une répartition sexuée des emplois. Pour un même emploi, il peut également exister une répartition sexuée des activités.
L'Anact fait l'hypothèse que, depuis 2001, les femmes occupent des postes dont les activités sont exposées à des risques insuffisamment identifiés et reconnus, et ce d'autant plus pour les secteurs à prédominance féminine. Une telle hypothèse réinterroge alors la capacité d'adaptation et d'efficacité des politiques d'évaluation et de prévention des risques puisqu'elles ne s'adressent pas aux femmes dans leurs emplois alors que c'est le cas des hommes. La prise en compte des conditions d'exposition différenciées des femmes et des hommes permettrait alors selon l'Anact de progresser dans l'évaluation et la prévention des risques professionnels.
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