Si les entreprises ont aujourd'hui du mal à recruter, c'est très certainement parce que les attentes des candidats post crise sanitaire ont largement évolué. Des études sur le sujet, il y en a plein. Je partage d'ailleurs très régulièrement tout un tas de statistiques évocatrices sur mes différents réseaux sociaux (@MarqueEmployeur).
Cela dit, j'avais bien envie d'en échanger plus en détail avec un VRAI acteur du recrutement. Une entreprise dont c'est le métier, au quotidien. Et c'est avec plaisir que Laure Charbonneau, directrice du Cabinet de Recrutement Robert Half, a accepté de répondre à mes quelques questions.
Dans un contexte où les candidats semblent être en position de force, constatez-vous une évolution marquante dans leurs attentes ?
Il est effectivement important de souligner que le candidat demeure en position de force en ce début d’année 2023.
Dans ce contexte, nous observons deux questions qui reviennent de façon quasi systématique en entretien : la question du salaire et celle du télétravail. Selon la dernière enquête Robert Half “Ce que veulent les candidats en 2023”, menée auprès de la population active, 71% des sondés citent le salaire comme premier critère dans le choix de rejoindre une entreprise plutôt qu’une autre, et 30% considèrent la flexibilité comme autre critère déterminant après l’équilibre vie-pro / vie-perso (37%) et la situation géographique (32%).
Un bon équilibre vie-pro / vie-perso est un critère incontournable auquel les candidats sont devenus très attentifs. Nous observons aujourd’hui des refus de postes parce que la flexibilité proposée par l’entreprise n’est pas à la hauteur des attentes du candidat. Les recruteurs doivent donc véritablement s’ajuster sur ce point.
Quels autres critères majeurs entrent en compte ?
La quête de sens dans le travail a véritablement pris de l’ampleur depuis la crise sanitaire. Dans notre enquête Robert Half, 42% des sondés se disent plus exigeants sur ce critère-là, après l’équilibre vie-pro / vie-perso (62%), le salaire (53%) et la flexibilité (43%).
Auparavant, les offres d’emploi détaillaient les tâches, les besoins et les attentes. Aujourd’hui, cela ne suffit plus. Les entreprises doivent présenter le poste dans son contexte : quelles sont les interactions qui vont se créer entre équipes ? Quel est le projet de l’entreprise et comment vais-je m’y inscrire ? Quel est l’impact de mon poste et de ma fonction ? En quoi mon poste est-il utile pour la société ? Répondre à ces questions permettra au candidat de se projeter et d’éviter les déconvenues.
Les attentes des candidats sur ce sujet se sont véritablement développées et c’est bien cette quête de sens qui peut faire la différence dans le choix d’une entreprise plutôt qu’une autre.
On parle beaucoup de l’importance de la culture d’entreprise. Est-ce une réalité du point de vue des candidats ? Remarque-t-on une évolution selon l’âge des répondants ?
Même si cela ne ressort pas de façon évidente dans l’enquête, c’est un fait, les candidats s’intéressent davantage à la culture d’entreprise qu’il y a quelques années : les 3 critères principaux qui pousseraient un candidat à refuser une offre d’emploi sont le salaire (71%), la localisation (55%) et un mauvais contact avec le manager (40%). Si 27% des candidats citent une culture d’entreprise qui ne leur correspond pas pour refuser une offre plutôt qu’une autre, c’est parce que la question ne se pose pas au même moment dans le processus de candidature. Avant même de postuler à une offre, le candidat se fait une première idée de la culture d’entreprise et voit si elle peut ou non correspondre à ses propres valeurs et attentes.
Du fait du contexte économique inflationniste, le salaire demeure le critère de décision n°1. Mais si la situation se stabilise ou diminue dans les prochaines années, la culture d’entreprise pourrait prendre une place plus importante dans le processus de recrutement.
D’une façon générale, quels sont vos conseils pour mieux recruter et pour mieux candidater ?
Les entreprises se doivent d’être honnêtes et transparentes dans ce qu’elles entreprennent et mettent en place au quotidien. Si le candidat se rend compte d’un écart entre ce que l’entreprise dit et ce qu’elle fait véritablement, cela peut avoir un véritable impact sur le processus de recrutement et amener le candidat à se retirer.
Il est important d’impliquer les managers dans ces efforts car ils vont représenter l’image de l’entreprise durant les entretiens d’embauche. Ils se doivent d’être bien préparés pour pouvoir donner les meilleures chances à l’entreprise d’attirer les meilleurs talents et collaborateurs.
Du côté des candidats, le maître mot reste aussi la transparence. Il est conseillé d’arriver à l’entretien d’embauche en exprimant clairement ses attentes et sa valeur ajoutée pour l’entreprise. Être clair par rapport à ses attentes, oser en parler, c’est éviter les déceptions tout au long du processus.
Il ne faut surtout pas hésiter à poser toutes les questions nécessaires car cela démontre d’une part de l’intérêt, mais permet d’autre part d’éviter de mauvaises surprises à la suite du processus. Chez Robert Half, nous encourageons certains candidats à venir quelques heures en observation au sein d’une entreprise. Encore peu exploitée, l’immersion constitue un atout majeur tant pour l’entreprise que pour le candidat avant de se positionner.
0 comments :
Enregistrer un commentaire